2003  -  Namibie  -  Botswana     "un retour impatient"

Cette année à nouveau nous repartons seuls – sommes nous irraisonnés, inconscients peut être !! direction le Botswana puis un retour par la Namibie.

 

Arrivée à Johannesburg 10h00 de vol ! Même de nuit c’est long et fatiguant – Transit - Arrivée à Windhoek . On récupère les bagages, tout est OK. Partons chez Gunther loueur de 4x4 - Voiture prête c’est une NISSAN 4x4 - les 4 pneus sont neufs super !!! Il est 17h00 le soleil se couche – nous prenons la route pour le campsite de Dan Viljoen que nous connaissons déjà. Il nous faut repenser l’aménagement du véhicule et la répartition du matériel – Dans cette phase de déballage je ne retrouve plus mon Laguiole, je suis pourtant certain de l’avoir mis dans la malle – c’est la première contrariété et j’augure mal de passer ces 5 semaines sans mon outil de base …enfin c’est comme cela.

 

Prenons la route B6vers l’Est en direction de Buitepos. La Trans Kalahari Highway est une belle route goudronnée, bordée de part et d’autre par le bush et le veld à perte de vue. Nous bifurquons pour changer de paysage et profiter du 4x4. Belle piste avec un peu de tôle ondulée et qq. passages poussiéreux je roule peut être un peu vite.. … du flottement dans la tenue de route et une odeur de brûlé !– je viens d’éclater le pneu ARG. - Dommage.. tout neuf et irréparable - le flan est ouvert sur 10cm sûrement une pierre dans la poussière du bas coté- pas vu !

Changement de roue sur le bas côté… je m’éclate bien le dos en desserrant la roue crevée.. P… !!!

je m’y suis pris comme un manche et je déguste. Je n’ose même pas penser à la suite de la piste !! 

Tôle ondulée, un vrai plaisir pour le dos – je me cale avec mon beanbag photo rempli de graines de mil pour soulager un peu. Le pays et les paysages sont plats, monotones, sans villages traversés,… que du bush - un vrai « couloir ». Pas de visibilité.

Ghanzi. Je vais pour remettre le frigo en marche le bouton M/A me reste entre les doigts – Mauvais Karma – la bonne humeur se gâte – je refait un branchement direct – il restera ainsi jusqu’à la fin du séjour

D’Kar – c’est un centre San, il semble y en avoir peu, il faut circuler dans la « réserve » afin de rejoindre la zone du campsite situé en plein bush. Belle piste sablonneuse en plein Kalahari ! Campsite atteint, la nuit est là.

 

 

Lever 5h30  Départ vers le nord pour Moremi, une large piste de gravier, puis après le passage de la ligne sanitaire, la piste change et devient sablonneuse - bordée de mopanes nous évoluons dans un paysage de forêt très aérée. Nous abordons les premiers pans asséchés, de nombreuses crottes d’éléphants sont présentes et laissent supposer une population assez dense – certaines d’entre elles sont assez fraîches !!

South Gate de Moremi. Formalités administratives -  paiement des taxes et droits d’entrée – pas donné pour 3 jours !!! La piste devient délicate – le sable est plus fin et les ornières plus profondes. Notre progression est lente 10km/h … les cartes stipulaient un parcours difficile. Nous croisons à nouveaux impalas, girafes, phacochères La piste devient de plus en plus ardue, le sable profond – « Deep sand track »- qq. petites frayeurs car le Nissan est un veau… Il nous a fallu 4h00 là où les rangers de la gate en annonçaient 3h00. Mais c’était sans compter les arrêts photos!! Nous sommes désappointés, par l’aspect du « camp » Après tout ce paysage poussiéreux, sablonneux, asséché, nous nous imaginions un site au bord de l’eau – dégagée – afin d’y voir des animaux, des crocos etc.. C’est une vue « bouchée » par une haute barrière de jonc, papyrus etc… l’eau est là sûrement à qq. mètres mais on ne la voit pas. .. Nous avions rêvé de tout autre chose de notre aventure dans ce delta de l’OKAVANGO.

 

Third Bridge , un hippo traverse la piste devant nous, puis de nombreux impalas.

Des pans en eau, l’un d’eux est bordé de crocodiles « énormes ». Face à face avec des girafes, peu farouches.

Nous sommes de retour au camp – la nuit est là.. je m’affaire aussitôt à faire du feu – Les babouins ont élus domicile dans les grands arbres au dessus de nos têtes. Nous faisons « salon » devant le feu – Deux yeux nous fixent à 10m – un coup de lampe… une hyène. Puis qq. bruits autour de nous dont on ne sait dire quel animal ? Impressionnant.Nous vaquons encore un peu autour de la voiture dans un périmètre très restreint et proche du feu pour terminer l’essentiel.. enfin nous montons nous coucher.

Plusieurs fois dans la nuit, rugissements de lions et mugissements d’hippopotames.

Submergés de dépaysement et malgré notre « relative toute petite place » au milieu de cet environnement. Nous dormons très bien et sans aucun stress !

 

Petit déjeuner en constant éveil à cause des babouins qui approchent près pour voler n’importe quoi  - certains sont agressifs et il faut taper fort par terre avec la pelle pour les faire reculer – question d’habitude !! Pistes sablonneuses de « MBoma island » Boite courte - sur certains passages pour s’arracher des ornières de sable – 4 éléphants vus d’assez loin.

Nous avons changé d’emplacement dans le camp, les gens s’installent où ils veulent sans trop se poser de question. On fait pareil !!  Nous sommes sur une aire avec un coin de vue sur les berges et les marécages. Déjà nous entendons au loin rugissements et mugissements divers.

Nous nous installons auprès du feu – Dans le faisceau de notre lointain voisin de camp apparaît une belle hyène – Remontée d’adrénaline – nous rangeons tout et Anne monte se coucher – Je réactive le feu qui faiblit drôlement vite. Le déshabillage nocturne dehors entre le feu qui faiblit et sans quitter du regard ces 2 prunelles blanches qui brillent dans la lueur palôte de ma lampe frontale restera pour moi un moment très fort du séjour. Je gravis avec rapidité les barreaux de notre échelle de toit.

 

Nous filons vers« Xakanaxa » et enfin – sous les frondaisons de mopanes... des éléphants - des jeunes avec les femelles - quel régal !! Le troupeau traverse la piste devant nous, pour aller se désaltérer, beaucoup de « petits » toujours fourrés dans les « pattes » de leurs mères s’enfoncent au travers les fourrés. Nous évaluons l’ampleur des dégâts qu’ils font à la forêt pas un arbre n’est intact -  tous petits ou grands - en bosquets ou en troncs portent les stigmates d’écorce pelée, de branches cassées, arrachées, de troncs déracinés etc..

Une éléphante nous « grille la priorité » en traversant la piste à la tête de sa troupe – elle nous fait part de son « mécontentement » par un barrissement sonore.

Puis nous sommes bloqués par une troupe qui « stationne » en plein milieu. Nous attendons qu’ils veuillent bien passer leur chemin et, trouvons quand même que certains.. dont un gros mâle passent un peu près de la voiture. Les vitres sont fermées et la prise de photos pas de circonstance …. Dommage !

La nuit commence à tomber nous retournons au campsite. Ce soir nous n’avons vu ni chacals, ni hyènes rodés. A peine dans la tente… Un arbre secoué, une pluie de fruits tombant au sol, accompagnée de craquements de branches nous fait comprendre qu’un éléphant est un très proche voisin ! La nuit est très noire et il est impossible de le voir par les fenêtres latérales de la tente ! Nous suivons sa progression au bruit des branches qu’il pèle et casse sur les bosquets voisins. Il s’éloigne.

 

Direction de « Dead Tree Island » - les pistes et les traces de roues se multiplient – nous franchissons un nouveau pont de rondins – sur ce pan où stagne 10 cm d’eau. Nous bouclons la partie de cette excroissance de terre au milieu du delta et il nous faut quitter Moremi – une importante troupe d’éléphants nous freine dans la plaine avant South gate. Maun, filer vers l’aéroport discuter des possibilités de survol du delta. Retour au camp, préparer les appareils pour les photos demain - Anne retrouve mon couteau resté accroché dans les plis des pantalons de rechange. Super nouvelle !!!  CESSNA 172 – sommes les seuls passagers - Delta verdoyant, nombreux bras d’eau qui serpentent, des pans, des îlots, de nombreuses pistes d’animaux et de véhicules. Vu du ciel un delta dégagé de ses roseaux et papyrus !!! Nous apercevons de nombreux troupeaux, buffles, zèbres, cobes d’eau, girafes, éléphants. Nous survolons également qq. camps de brousse ! 1h00 de vol cela parait toujours trop court, mais c’est magique. Maun au musée local une magnifique collection de vannerie est exposée et mise en vente – le choix est très difficile. Nous engageons la remontée du Panhandle, Nokaneng, balayé par le vent et dans la poussière, maison-huttes en torchis, une jeune femme avec son bébé. Nous lui laissons et à son mari des polaroïds où toute la famille est réunie. Nous quittons Etsha 6 par l’ancienne piste qui dessert les 13 camps Etsha créés pour les réfugiés angolais qui vivent le long de l’Okavengo. Nous longeons pendant plusieurs km des huttes de chaume. Vraisemblablement cette piste ne doit pas voir souvent passer de touristes. 

Nous devenons l’objet de curiosité du moment – ce n’est certainement pas une  « ruée » mais viennent vers nous nombre de femmes avec autant de vanneries quelles peuvent en avoir – les vanneries sont toutes plus belles les unes que les autres. Nous repartons avec qq. pensées indéfinissables, de nombreux questionnements sur le niveau de vie de ces gens, sur le nôtre, sur nos lamentations sans cesse répétées, sur nos soucis qui paraissent bien superficiels et bien anodins au regard de cette misère. Un vieil homme vient « mendier » quelque chose que nous ne comprenons pas – c’est difficile de dire NON - j’offre une cigarette – il s’en va – l’aumône pour une conscience en quiétude !

Nous ne voulons pas donner pour donner; il faut qu’il se crée un échange autour du don, une discussion, une photo, un renseignement, tout le long des voyages nous essayons de tenir ce principe. Refusant les bonbons aux enfants pour y préférer un biscuit, et refusant de monnayer  pour une photo. 

La piste mènent à d’autres étendues, l’eau est vraiment à fleur de sol – les bêtes ont les pieds dans l’eau et les mokoros glissent et filent à travers les herbes basses dans 30 cm d’eau.

Shakawe bord de l’Okavengo pour y passer la nuit. Nous partons en randonnée sur les rives du fleuve bordées de papyrus – assistons à un magnifique coucher de soleil au milieu de beaucoup d’oiseaux – 

Dîner royal ! brèmes au grill - pêchées sur place et gentiment offertes par la patronne du camp

Bruits du fleuve et mugissements des hippos - l’Okavengo coule tranquillement.

 

Tsodilo Hills – « La Montagne des Dieux » Nous partons en randonnée malgré l’heure chaude – il faut gravir  par un sentier abrupt– peintures rupestres, gravures et paysages. Depuis notre départ nous remarquons tous les deux que notre transpiration est forte – sans en être un sujet de conversation quotidien nous abordons ce point avec l’espoir de trouver une réponse. Chaleur, hygiène minimaliste, fatigue, stress, savant mélange de tout …toujours est il que nous percevons parfaitement une des formes primaire de notre animalité.

Nous quittons « la Montagne des Dieux » bushmen et retournons vers Shakawe,

L’Oka semble plus large, les rives étant parfaitement occultées par ce rideau épais et haut de cannes et papyrus – Repas autour du feu et discussion avec un agent du ministère de l’environnement en d’inspection dans le delta. Nous apprenons que le Botswana développe un important réseau d’assainissement d’eau, que le niveau de l’Oka. est assez bas depuis qq années et que la consommation en eau du pays est égale à 10% de la quantité d’eau qui s’évapore dans le delta –colossal- 

 

Frontière avec la Namibie. Ouest de la bande de Caprivi, nous stoppons à la barrière du parc de Mahengo. Nous croisons à nouveau de nombreux troupeaux d’hippotragues, d’éléphants, quelques antilopes rouannes des babouins, zèbres, phacochères, hippos et impalas. Nous remontons jusqu’à Popa Falls. Belle vue sur l’Oka assez large et profond. Une piscine est installée en plein milieu de la rivière, un ponton en bois avec bidons flotteurs et une énorme poche en grillage métallique pour la sécurité…il est trop tard pour le bain.. et de toute façon je le sens pas ce coup là…. Il fait nuit, le remue ménage des éléphants sur la rive opposée est assourdissant. Toute la nuit nous les avons entendu qui pataugeaient dans les hautes herbes de la berge opposée

C’est notre dernière nuit au bord de l’Okavengo. Aucun bruit de l’Oka pourtant tout proche, il cherche déjà à se faire oublier !!

 

Aujourd’hui nous nous enfonçons en Namibie en plongeant vers le sud - Direction de Tsintsabis. A la sortie du village la famille rencontrée l’année passée est tjs là. Ils se souviennent de nous et ont gardés dans leur album les Polaroïds faits. La jeune femme est maintenant enceinte, vit avec un angolais. Il nous invite à entrer dans leur enclos, j’en profite pour faire d’autres photos – Pour eux et pour nous.

Andoni – Porte Nord du parc Etosha nous n’avons aucune réservation au camp Namutomi et je ne sais pas si cette porte d’accès est un accès ouvert aux touristes !!! On verra bien. Nous ne traînons pas trop quand même car il faut s’assurer que l’administration du camp nous donnera le droit de coucher à Namutomi. Point d’eau de Tsumcor couples de lions dont la femelle boite !!! belle blessure. Camp complet !! – mais tolérance il faudra payer demain avant de partir si on trouve une place à partager.. C’est super !! Vu notre degré d’exigence confort on en trouve tout de suite une. 

 

Pan d’Etosha – déjà du vent et des nuages. Nous franchissons la porte d’Andoni, la route goudronnée succède à la piste - qui nous mène à Ondangua – artère économique où tout parait pouvoir s’acheter et se vendre. Oshakati, qui reproduit le même schéma d’un immense marché à ciel ouvert étalé sur cet axe majeur qui dessert l’Angola et la Namibie. Ruacana village en cul de sac où nous trouvons sans trop de mal à nous poser au camp administré par la station service. Nous y sommes seuls et profitons du jour qui décline sur la vallée du Kunene.

Ruacana Falls – la route domine de loin la retenue d’eau du barrage et offre la vue sur le canyon du Kunene qui file plein Ouest. La piste vers Epupa reprend place avec une ascension de col assez raide.

Les soixante premiers km sont presque parfaits -Une patrouille militaire qui arpente la berge. Ils sont très détendus, nous parlons « football » et après questions ils nous confirment que la piste jusqu’à Epupa est en parfait état !!!!!! Ahh l’Afrique, la suite nous apprendra à garder notre propre jugement de valeur.

Plusieurs villages Himbas, des huttes communautaires en construction et l’embranchement du Kunene lodge. Au carrefour il nous reste 90 km à couvrir pour atteindre Epupa. Nous croisons nos premières tombes Himbas richement embellies de cornes de vaches. Dès les premiers km le rythme change, la piste devient étroite, se faufile entre des hautes herbes et les branches frottent sur le véhicule. Zebras Moutains la piste est coincée entre le flan de montagne et le lit du Kunene. La piste est vraiment effroyable sur des tronçons pierreux ravinée par les pluies passées et le vent.

Malgré cela elle nous offre des vues magnifiques sur la Kunene en contrebas, nous traversons de nombreux villages ou rassemblements de huttes Himbas et croisons hommes, femmes et enfants assez fréquemment. Crevaison à l’ARG coupure sur le flan du pneu – irréparable – rencontre avec 2 jeunes femmes Himbas – L’une d’elle est mère, elle porte son enfant endormi sur le dos et arbore toutes ses plus belles parures traditionnelles. Cheveux noirs, dents de nacre, odeurs de cuivre et de peaux ….. Cette femme est belle.

2ième crevaison AVG cette fois – mais trêve de plaisanterie – je n’ai plus de roue de secours et il nous reste à couvrir encore la moitié du chemin vers Epupa. Angoisse et stress font maintenant place au plaisir. Nous nous arrêtons dans un oued, je sors le compresseur afin d’ajuster un peu plus de pression. La nuit est là. Nous nous posons sur la berge du Kunene face aux rapides du fleuve. 

La pleine lune nous éclaire. La tension est là oppressante.

 

Aujourd’hui cela pourrait être « quitte ou double » Ce sera « double » à notre grand soulagement – nous tombons sur le bivouac d’un groupe de « baroudeurs namibiens »  Nous demandons conseil pour nos pneus et échangeons qq infos. Ils sont surtout sympa. Font ils la piste dans le même sens que nous  - OUI …c’est déjà rassurant. Ils inspectent la voiture et les pneus, demandent à voir les pneus crevés pour évaluer le niveau de réparation. Démarrent leur compresseur pour me faire un gonflage à 4kg.. en maugréant au passage qq « bullshit » à la vue de l‘autocollant pression 2,2 max. Pour finir, ils nous donnent rendez vous aux chutes à Epupa pour prendre le temps de nous réparer un des pneus pour continuer avec une roue de secours… Il n’y a pas 50 m sans une difficulté de piste – à 4 kg de pression on roule sur du bois – c’est fatiguant mais efficace. Oued sablonneux, pierres, ravines, feuilles de palmier épineux –tout passe. Himbas – ce matin ce sont surtout les enfants qui viennent à nous. Une gamine arbore un air coquin et  sourire malicieux de toute beauté – un enfant de 5 - 6 ans nous rejoint, il prends la main d’Anne et ne semble plus vouloir la lâcher – il enfourne avidement un biscuit offert –

Epupa Falls, un bref tour du site et voilà nos secouristes qui arrivent. Fidèles à leur proposition ils me demandent d’amener le pneu le moins abîmé des deux. En trente minutes avec 1 démonte pneu, 1 tournevis,  une rustine, une chambre à air (gentiment offerte) – nous voici nantis d’une nouvelle roue de secours. Quand à la technique employée pour le montage et démontage du pneu sans outil spécifique – Chapeau ! et excellent module de formation à l’africaine – C’est gravé et pas prêt d’être oublier. On solde cette affaire autour d’une bière fraîche et nos 2 lascars partent prendre un bain dans le Kunene.

Tribu Himbas – Patriarche avec femmes et enfants – l’échange est joyeux autour des Polaroïds offerts- Toutes sont parées des bijoux traditionnels – Okanguati  que nous dépassons, bifurcation vers Epembe.

Ce fut une belle et grande journée africaine à tout point de vue.

 

Magnifique lever de soleil avec un peu de nuages sur l’horizon des « Zébra Montains »

Opuwo tout d’abord trouver la 2ème roue de secours – Un bref passage par  « le marché » situé sur le terrain vague entre les stations services – C’est vrai que c’est assez « chaud », nous sommes au matin et déjà la bière locale (eau, miel + plein de chose fermentées dans des beaux bidons bleus en plastique) passe de broc en broc et chauffe un peu les têtes…Les hommes jouent, les paris sont directement déposés par terre et le tapis de jeu est creusé dans la poussière du sol. – On dirait un Awalé géant -

Un jeune est venu vers nous gentiment et très spontanément nous donne des explications. Une « mama » Herero elle, nous invective assez fortement, les yeux déjà bien rouge et injectés nous montre du geste et assez vertement le chemin de la sortie. Ok on a compris nous partons.

Piste d’Etanga nous reprenons notre périple originel « sur les traces de Solen B. » Nous avons notés sur la carte topo les noms des villages Himbas où elle a effectuée son séjour. La piste, se dégrade, elle redevient étroite, tortueuse et caillouteuse à souhait jusqu’à Etanga. Piste secondaire en direction d’Orupembe par Omirora, nous n’avons pas croisé de voiture depuis Etanga. Nuit tombante, Anne aperçoit le rougeoiement des feux auprès de kraal himbas – La pleine lune nous entoure de son halo lumineux, la voie lactée et sa myriade d’étoiles est toujours aussi éclatante c’est une merveille sous ses latitudes d’observer un ciel aussi pur et limpide.

 

Aujourd’hui Anne en a ras le bol – le plaisir n’est pas là – Pourtant les paysages sont tj aussi beaux, immenses et désertiques. Nous poursuivons, par les vallons. Troupeaux de vaches et kraal himba. Des échanges mais pas de communication possible – barrière langue difficile – nous offrons des cigarettes à des femmes, elles demandent des habits pour couvrir les enfants – nous n’avons rien hormis les nôtres. Nouvelle bifurcation avant la descente qui mène à Marienfluss et Orupembe. Un vieillard fumeur de pipe en marche sur la piste – après palabres il confirme la bonne direction – cela lui vaut un garnissage de « bouffarde » avec du gros gris et une grosse pincée pour préparer la suivante. Dernière descente plutôt raide et chaotique dans de la pierraille roulante…chocs et glissements non prévus de la voiture sur des plaques de schistes lors du passage du col nous mettent dans un état un peu liquéfiant… mais cela passe bien.

Nous sommes maintenant dans la plaine – Marienfluss - un panneau « school » nous étonne, puis des himbas en train de préparer une fête et de dépecer une vache. Un jeune parlant l’anglais – c’est le maître d’école – il nous emmène jusqu’au camp de toile qui sert de « campus scolaire » et où sont regroupés en 3 classes les enfants himbas des villages avoisinants – certains viennent de 20 à 30 km – Nous offrons qq. crayons et gommes – je demande au maître de voir avec le chef du clan si je peux faire des photos de leurs préparatifs – Il s’exécute, mais la réponse est non – je propose des cigarettes et fais expliquer que je viens d’offrir des crayons et gommes pour l’école –C’est Non ils veulent des N$ - tant pis – d’ailleurs la bête est finie de dépecer et il ne reste plus que le « bidon » chaudron dans laquelle la viande ragouille, la tête sanguinolente posée au sol et les chiens autour qui lappent la terre imbibée du sang !!

Nous sommes dans un renfoncement de la vallée qui descend du Van Zyl ce qui nous met à l’abri de vision trop directe de l’axe de Marienfluss. Le coucher de soleil est magnifique et les lumières rasantes sont vraiment magiques sur le veld et les 2 crêtes de montagnes qui nous entourent. J’allume le feu, pour la sécurité et pour faire cuire la viande. Je me réveille en sursaut dans la nuit – la voiture tremble !!!! Je demeure convaincu de ne pas avoir rêver et d’avoir perçu la secousse brève de tremblement de terre !!! Pourtant aucun autre bruit à l’extérieur ne trouble le silence de la nuit – pas d’éboulis de rocher dans cette zone  montagneuse..

 

Extrême nord de la vallée de Marienfluss, barrée par le Kunene et frontalier avec l’Angola. Ce paysage est magnifique et la rive opposée angolaise parait à la fois si proche géographiquement et loin de toutes les turpitudes géopolitiques. La piste principale qui nous ramène vers Red Drum. 100km avant Orupembe et nous n’avons aucune idée de l’état de la piste. En effet les 15 premiers km sont à nouveau un calvaire ! pistes incroyables, caillasses, oueds, montées et descentes. Nous débouchons enfin sur la grande plaine où nous retrouvons une piste plus soft puis de tôle ondulée qui nous casse le dos, les oreilles, et le rythme de conduite. Nous poursuivons dans cette vaste plaine et dans le soleil couchant, nous sommes rattrapés et dépassés par 2 voitures. Elles roulent vraiment à tombeau ouvert au moins 80-100km/h –Surprise ! il s’agit de nos baroudeurs réparateurs, d’Epupa. Nous retrouverons une voiture un peu plus loin – ils ont crevés – ehhh !!!! – avec humour je descends pour proposer de l’aide !!!! il rigole franchement. Nous proposons de prévenir son collègue qui lui a continué sa route - le rattrapons à son arrêt – et l’informons, il ne semble pas très heureux il grommelle qq chose – nous remercie et fait demi tour – nous ne les reverrons plus- Nous ne retrouvons pas du tout le paysage de l’année dernière le dense veld jaune paille qui nous avait enchantés, cette année il fait place à un désert de pierrailles. Il fait assez chaud et au loin vers la mer nous apercevons le ruban nuageux d’un ban épais de brouillard qui couvre la côte. Puros, l’Hoarusib, trouver un bivouac pour la nuit – un bras parsemé de flaques d’eau sur qq centaines de mètres, la piste reprend bientôt la berge accidentée. Collecte de bois – préparation du feu – petite rando autour du site – Magnifique coucher de soleil. Ce soir la nuit est splendide il n’y a aucune lumière extérieure qui vient troubler la noire profondeur de cette voûte céleste illuminée de milliards d’étoiles –jamais en Europe nous ne pouvons imaginé la clarté du ciel nocturne– j’essaye de prendre des photos de la Voie Lactée et de la Croix du Sud.

 

Nous remontons le lit de l’Hoarusib- la vallée s’élargit vers l’amont. Nous traversons et surplombons de vastes oasis que parcourent qq troupes de babouins. A la jumelle nous repérons 2 éléphants au loin.

Détour d’une excavation de piste nous « tombons » sur  un éléphant qui descend vers la rivière – Nous stoppons et le suivons – nous restons en sa compagnie une bonne ½ heure.

Vers Sesfontein - nous écartant à nouveau de la piste nous croisons des oryx en repos dans le lit de la rivière Gomatum que nous remontons. En vain pour les éléphants ce ne seront que des girafes, oryx , springboks et troupeaux d’autruches que nous croiserons. 7ème et dernière nuit en bivouac complet – coupés de tout et en autonomie totale – Du vrai bonheur !!

 

Sesfontein –Nous retrouvons les passages de l’année dernière - Plein d’essence et d’eau au tuyau de la borne communautaire – Samedi le dispensaire est fermé – nous y laissons quand même les 4 -5 paires de lunettes d’enfants récupérées en France. Hoarusib River – dédale de traces et de pistes qui partent dans tous les sens et sillonnent la plaine plantée de mopanes. Sol sablonneux, poussière fine et pulvérulente, ornières profondes, des paquets de fesch remontent jusqu’au pare brise – des nuages de poussières submergent la voiture – même fermées les bouches d’aérations dégorgent   des flux de poussières incroyables – jamais vu ça – Tout est recouvert d‘une fine couche de poussière – vêtements affaires diverses matériel photo et autres emballés dans les sacs poubelle – tout est gris de poussière – c’est dire que nous nous sentons à l’aise.

Nous nous engageons dans le lit de la rivière  - les éléphants sont là  - 2 mères avec des jeunes  et un mâle avec de petites défenses – Le sable est humide l’endroit est creusé de trous et recouvert d’une fine croûte blanchâtre de sel minéraux. Les éléphants sont la cause de ces trous, ils creusent et vont puiser l’eau qui resurgit riches en minéraux probablement. Descente vers Amspoort – la piste est sablonneuse et sillonne le fond de vallée entre les flancs abruptes et encaissés.. l’heure avance nous faisons demi-tour et retournons vers Warmquelle camp communautaire, bain dans la source chaude pour nous dépoussiérer et nous décaper.

Palmwag  oasis de palmiers – nous partons en randonnée sur un sentier balisé qui entoure le camp et nous fait gravir une petite colline d’où nous assistons au coucher du soleil – 

Retour il fait nuit. Plat chaud au bar attenant le camping – il y a de l’oryx –super ! le tout accompagné d’une bouteille de Merlot Sud Africain - retour à la tente, vin rouge et fatigue font effets… la montée de l’échelle s’avère délicate !!!

 

Brouillard épais, les têtes de palmiers sont dans la brume. Skelethon Coast le temps se lève localement mais on sent dans l’air toute l’humidité qui est contenue dans le brouillard. Nous avons réservé la nuit à Terrace bay  A partir de Torra bay le paysage change un peu les dunes de sable blanc s’éloignent vers l’intérieur des terres – aussi étonnant qu’il paraisse par endroit un peu d’eau émerge du sol et cours en surface sur qq centaines de mètres. Des zones vertes couvertes de joncs abritent des springboks, des oryx !! nous ne pensions pas en voir ici pris entre les dunes et l’Océan sur une bande de qq km de large. La côte n’est plus qu’un long ruban de galets multicolores noir, marron, blanc et vert. Terrace bay. C’est une station avancée Quelques baraquements rustiques, une pompe à essence, une baraque administrative, bureau, coop. etc  façon « kolkhoze »

Une fois enregistrés nous avons droit à un ½ baraquement, au repas du soir et au petit déjeuner pris au restaurant communautaire dans des tranches horaires précises – toute une organisation - Un tour des environs – une piste repart vers le nord Môwe bay – interdite d’accès sans permis spécial … après tout ils sont chez eux et dispose de leur territoire comme bon leur semble.

Jusqu’à la nuit tombée nous arpentons des pistes parallèles qui sillonnent bord de dunes ou bord de cote  – ramassage de cailloux + coquillages tous plus tentant les uns que les autres. Le dîner en libre service, je prendrai au moins 2 fois des ces excellentes moules pour accompagner le Chardonnay sud Africain.

 

Nous repartons vers le sud une grande étape nous attend jusqu’à Swakop. C’est la 4ème fois en 2 ans que nous empruntons cette piste côtière. Cette côte est vraiment impressionnante avec tous ces débris de squelettes marins, terrestres, vertèbres, crânes etc…

Avant Torra bay  une balade pédestre jusqu’à Uniab falls. un ruisseau qui émerge du sable au pied d’une touffe de jonc et s’écoule jusqu’à l’Océan. La Koigas elle, atteint l’océan – superbe occasion pour déjeuner en bord de plage mi sable et mi galets – Dommage… dans les derniers mètres nous nous ensablons … Donc avant de déjeuner …pelle + cailloux pour sortir la voiture !!

Je tends les gants à Anne en lui demandant de ramasser des galets  bien plats. Sous le premier soulevé une petite carapace marron apparaît, du pied elle la touche sans intention particulière… Là elle recule d’un bond !!!! C’est un beau scorpion 6 - 7 cm de long, la 1ère fois qu’elle en voit de sa vie, la queue bien redressée. Nous ne pensions pas trouver un scorpion sur une plage de l’Atlantique sud sous un caillou. Embouchure de l’Huab river flamands roses, rouleaux impressionnants et épave de bateau drossée sur la côte. 

Swakop il fait froid et surtout énormément de vent comme d’habitude en hiver. Camping municipal un bungalow est disponible même sans résa. On va prendre une douche chaude enfin !!

 

Il fait un soleil matinal resplendissant. La piste vers Homeb s’enfonce dans une étendue aride de pierrailles il fait une chaleur terrible 33° dans la voiture. Nous franchissons le Tropique du Capricorne. Nous apercevons au loin les dunes qui surplombent le lit de la rivière Kuiseb et son couvert d’acacias qui trace de loin un liseré vert au ras du sable. Camping d’Homeb, désert et rustique – il est au bord de la Kuiseb et sous les frondaisons. Le soleil est encore haut et la chaleur forte – L’ascension est difficile, nous sommes épuisés de monter dans le sable – comble de dépit, coté Namib un sommet en cache tjs un autre, juste un petit peu plus haut !! Coté Kuiseb par contre une belle vue sur la vallée et son contrefort volcanique, un magnifique ruban vert qui s’étale d’Est en Ouest. Le soleil se couche, le fond de la vallée est déjà dans l’ombre il nous faut redescendre.

 

De toute la matinée nous ne croisons aucun véhicule, une halte dans un ancien terrain de prospection minière – sur des centaines de m2 sont alignés des carrotages de roches granitiques de toutes les couleurs - décidons d’agrandir notre boucle dans le Namib Naufluk plutôt que de filer directement sur Sesriem. Repassons par les cols de Kuiseb et de Gaube en direction de Sesriem – Nous adoptons une vitesse de croisière un peu plus soutenue pour arriver à la nuit tombante à Sesriem. Nous déclarons notre stationnement sur l’annexe du camp comme l’année passée.

 

Réveil à 4h50 – on franchit la barrière – 70 km nous séparent du fond de la vallée et le jour commence à poindre. De nombreux véhicules sont devant nous, ils roulent aussi bon train pour arriver assez tôt aux dunes. Beaucoup s’arrêtent à la dune 45 où déjà un cordon de silhouettes humaines forme une chaîne sur la crête de dune. Nous filons directement vers le parking de Hidden Vlei - Je baisse un peu la pression des pneus et nous attaquons les 5-6 derniers kilomètres vers Sossusvlei et Dead Vlei-  Ce matin nous sommes dans les premiers à passer et le sable porte mieux !! Un oryx dans les dunes c’est superbe. Nous prenons notre temps, admirons dans le silence le paysage sur 360° qui se découvre à droite et à gauche de nous, succession de dunes et de vallées non décelables vues du ras du sol. Halte en haut de la crête pour profiter. Nous dévalons la pente sableuse en s’enfonçant jusqu’aux genoux pour atteindre le pan de Dead Vlei. Dans le rougeoiement du soleil qui sombre et se joue de façon si magnifique d’alternances d’ombres portées, les arêtes des dunes nous paraissent toutes tranchantes comme des rasoirs. Nous sommes à 2 jours du départ et il faut maintenant commencer à reprendre un peu le rythme et contact avec la « civilisation ». Nous avons dans l’idée de refaire une dernière nuit de bivouac en haut du col de Spreetshoogte pass avec cette magnifique vue sur le désert et la plaine. Un arrêt à Solitaire –  panneau d’affichage inscrit à la craie – les nouvelles du monde – Allemagne, Italie, tient la France –Milliers de morts dus à la canicule ! Nous arrivons au col – un peu tard pour le coucher de soleil- dommage. Le silence est absolu là aussi – et pourtant il ne semble pas  avoir la même consistance que celui de ce matin !!!

 

Nous avons du mal à nous arracher au silence et à la vue que nous avons pour rejoindre la capitale.

Koudous, autruches, chèvres, vaches, et babouins nous divertissent jusqu’à la route goudronnée en direction de Dan Viljoen. Nous déballons tout dans le bungalow – il faut maintenant tout faire tenir dans les bagages. Soirée casse tête ? comment faire tout rentrer dans la malle et les bagages – mais tout y est …..ou presque, c’est protégé, emballé, c’est tassé.

 

Nous sommes revenus en bonne santé, le physique est en forme et l’esprit a pris un peu plus de recul après ces 5 semaines vécues à l’écart de toute présence excessive de civilisation et de toutes facilités de vie et de confort. Le cerveau a besoin  de qq  secondes ou minutes parfois pour retrouver habitudes et automatismes. Le décalage du vu et du vécu apporte sérénité – nous sommes donc zen pour reprendre une activité de rendement. Ce que l’on a vécu ne peut être traduit ou transcrit sur les photos, seulement ce que l’on a vu et encore !

Les parfums et odeurs, la poussière, la fatigue et l’étonnement n’y apparaissent pas.