Une fois rémunéré de son travail pour les quatre pièces qu’il nous signe avec nom et année, nous lui demandons ce dont il a besoin : un ancien téléphone mobile avec ses chargeurs secteur et batterie fera son bonheur, ses yeux brillent. Nous espérons qu’il lui sera utile et améliorera son quotidien. Il demande si nous avons de la lecture à lui laisser – même en français — qu’il ne parle pas. Nous avions vu à l’aller un gros livre de poche parmi ses « affaires ». Je lui trouve un journal dans la réserve, c’est toute notre « richesse » qui sert à allumer nos feux. Nous sommes partis sans aucune lecture hormis nos guides, sachant que nous emploierions nos journées au maximum et que nous ne resterions que peu en place !
Le courant passe entre Mike, Anne et moi, nous avons du mal à partir et nous causons longuement. Sa vie actuelle est rude, il a grandi dans les années les plus noires et au plus dur de la crise. Il nous confirme que maintenant et depuis 2009, le pays remonte la pente, qu’il y a du travail dans les usines, mais qu’il préfère sa vie « d’artiste » où il manage son activité comme bon lui semble.
Nous lui donnons à tout hasard notre adresse e-mail pour un potentiel et futur contact ; un artiste à soutenir.
Avant de nous quitter, nous lui offrons quelques cigarettes et des oranges pour changer son ordinaire. À l’aller, nous avions vu dans sa gamelle deux patates cuites et sur le grill, un gros rat vidé et rôti…
C’est idiot à dire, mais le départ est difficile : il nous semble que de son côté aussi il retient son émotion ; nous en sommes émus et perturbés.