2009   -   Sahara occidental

Ce n’est pas un poisson d’Avril !!

Nous avançons notre départ, profitant de la possibilité de partir vers le Maroc Occidental avec Claude/Minette pour un périple de 3 semaines sur pistes et hors pistes en « suivant » les traces du « Gandini » préparé par Claude. Depuis 2005 époque du 1er périple au Maroc de nombreux équipements et aménagements ont été fait dans Tembo et il est grand temps de juger de leur efficacité en prévision toujours d’un hypothétique grand voyage Africain ! Nous retrouvons Claude et Minette au péage de St André de Cubzac. Direction Madrid, toujours la pluie ! Après la frontière Phi s’engage sur le mauvais tronçon de l’autoroute, nous voilà séparé dès le départ ! Il était prévu un bivouac au Sud de Madrid, mais il est tard, ce sera au sud d’Aranda de Ruero.

 

Le lac est très photogénique au lever du jour - Pause perturbée par la chute de Phi, monté sur le capot avant du Toy pour vérifier l’antenne Cibi, il glisse en descendant et s’écrase lourdement au sol, résultat: avant-bras fortement écorché et surtout vraisemblablement côtes cassées ou fêlées. Nous repartons! pas question de rebrousser chemin - dose d’arnica + pommade - Inch Allah en attendant ce soir. Les copains roulent à 110km/h vers Algéciras, la Cibi nous sauve de la monotonie de la route et de la chaleur ambiante. Dès notre arrivée à Algéciras - achat des billets pour le ferry, puis bivouac dans une forêt de chênes-lièges. Nuit bien perturbée: quintes de toux et douleurs de côtes.

 

Embarcadère, entrée dans le ferry; nous débarquons à Ceuta, douane marocaine. Un peu de brume sur la côte, Tétouan. Il nous faut faire 400Km jusqu’à Azrou, passer Moulay Idriss Volubilis, Meknès à l’allure que nous permet la circulation et la conduite des marocains……paysage montagneux. Azrou, ses toits de tuiles vertes vernissées et ses cheminées coiffées de nids de cigognes. 1350m d’altitude, la fraîcheur se fait sentir. Chacun prend son tour de douche, dîner un antalgique pour Phi et à 22h00 nous éteignons les lumières.

 

Paysages magnifiques de forêts de cèdres- macaques et montagnes enneigées, petits lacs, et grand froid, nous passons le col de Zad à 2200m, puis la descente vers Midelt, paysage digne de l’Arizona. Rich, le tunnel du Légionnaire, les gorges du Ziz, Er-Rachidia et son lac de barrage sa terre volcanique rouge, les fleuves et rivières en eau; il fait 25°. Boubnib les sols sont couverts d’étendues de fleurs bleues c’est à partir d’ici que commence notre « vrai » périple. Orientation sud/-sud-ouest Boubnib-Taouz, vallée des dinosaures, les grès de cette région renferment des dents et ossements fossiles. La frontière algérienne est très proche mais nous n’observons rien de particulier. La vitesse est plus réduite, nous traversons des oueds + ou - en eau dans un paysage arasé par le vent et le soleil, un troupeau de chèvres, une khaïma - tente berbère de couleur marron en poils de chèvres - La chaleur nous permet de nous activer à l’apéro juste avant que le vent ne se lève très fortement. Phi se pose une « poche » chauffante sur les côtes…

 

Beaucoup de vent, plateaux, cassure de la Hammada du Guir, montagnes tabulaires, oueds asséchés, les arrêts sont « multiples », succession de franchissements de petites vallées d’oueds  la piste nous fait passer devant 2 postes militaires où nous devons nous arrêter pour les contrôles d’identité et les échanges habituels. Magnifique palmeraie, nous sommes installés prés du puits où un couple de marocains avec ses 2 enfants vient nous tenir compagnie. Traversées de terres volcaniques, pierres noires travaillées par le vent, ciselées, coupantes, point de descente en face de la dent de la Gara Tout. Nous allons longer l’Erg Chebbi, qu’il va falloir trouver et garder notre direction en passant les dunes- souvenirs souvenirs…..non ce n’est pas le Namib ! D'ailleurs la couleur en est bien différente. Dunettes de l’erg Moulay Aamar, le versant Est de l’erg Chebbi et ruines d’un ancien village de mineurs. Merzouga ,piste pour Taouz, le goudron nous rattrape à l’embranchement d’une ancienne mine de barytine… il faut regonfler. Bivouac tranquille aux creux des dunes et les touffes d’herbes à l’abri du vent et des regards même lointains. Chaleur tiède et appréciable. Cagnard allumé et alimenté par les crottes de chameaux séchées qui abondent dans notre « coin » pour réchauffer le potage.

 

Nuit difficile pour Phi, les manœuvres, font agir les muscles au niveau des côtes « fracturées » et çà lui provoque bizarrement des quintes de toux phénoménales la nuit… Bermuda et tee-shirt dès 7h00 !!!! des oiseaux nous accompagnent de leurs chants. Piste ouest/sud-ouest, gravures rupestres, carrières de fossiles, mollusques marins, et mines ont été les richesses de cette région. Dunes, montagnes, traversées d’oueds, du fesch – Lac Daya el Meider peut-être encore superficiellement en eau dans sa partie sud – ce qui n’est pas son habitude à cette saison- large détour, vaste plaine sèche et tondue avec inévitablement de multiples traces de pneus - trop de distance-  regards rivés aux nuages de poussière… un bruit aigu et strident nous alerte… un caillou s’est glissé entre le flasque et le disque de frein. On repart.. abruti de vent et de chaleur, quand quelques km plus loin Phi se rend compte qu’il a perdu son Gerber « outil multiple », compagnon de chaque jour et de chaque voyage… laissé sur l’aile avant… et merde… tout çà pour suivre le rythme ! Impossible d’aller le retrouver ce serait une aiguille dans une botte de foin…

Une magnifique barre rocheuse, un fort militaire, une toute petite palmeraie en contrebas nous offre son hospitalité pour la nuit.  Les militaires descendent un à un du fort pour bavarder en français et boire le vin que nous leur offrons !!! Il faut dire que la soirée est agréable et douce, pour se consoler Phi espère que le Gerber perdu saura faire le bonheur de l’autochtone qui le trouvera sur sa route…

 

Le ciel est couvert…. du reg à perte de vue, en plaine puis à travers la montagne- Nous longeons la grande et superbe palmeraie d’Ouled Driss avec des seguias - canaux de terre alimentés par l’oued- et des kettaras- galeries drainantes alimentées par les eaux de la nappe phréatique - Tagounite, direction Mahmid mais nous n’irons pas jusqu’au village proprement dit restant au bord de la palmeraie qui crée un microclimat dans son environnement proche, le palmier avec ses feuilles vernissées qui reflètent les rayons du soleil et son tronc couvert de fibres mortes qui l’isole de la chaleur. A ses pieds on cultive les arbres fruitiers et au dessous céréales et légumes. Col de la Pierre Noire-panorama sur le Ktaoua et la palmeraie de Tagounite. Puis terrain très caillouteux, nombreux soubresauts, petite source « l’Oasis sacré » - des passages d’oueds à sec et quelques femmes et enfants sur le bord de la piste. Minette va échanger quelques instants avec elles et leur donner des vêtements. Nous suivons maintenant le lit élargi d’un oued - car nous sommes tous usés par la « secouette » de la matinée. Nord du lac Iriki, au pied du Djebel Bani balisée par des cairns - la piste sud elle, est impraticable car encore sous les eaux. Fossiles marins, orthocères, sites préhistoriques nombreux dans cette région çà fait du bien de se dégourdir les jambes. Phi a forcé sur ses côtes en soufflant sur les braises, a ressenti une douleur en se couchant, et a conclu quelles se remettaient en place ? Pourquoi pas ? 

 

Ce matin, difficulté de mouvements, on penche plutôt pour une fissure définitive….Inch Allah. Claude décide Phi à accepter que nous lui mettions une bande « grippante » autour du thorax et à prendre des antalgiques d’une façon régulière pour les jours suivants. Vent de sable dense - monticule de roches volcaniques - terrain rocailleux accidenté, nous longeons la vallée du Drâa - le plus long fleuve du sud marocain avec ses 900 km-coquillages fossiles, oueds, petite palmeraie pour la pause déjeuner. Petit et joli mausolée en briques - hors piste, vastes étendues de reg désertes. Nous longeons encore la frontière algérienne dans le Drââ ? - un poste militaire- contrôle, causette - une large traversée d’oued parmi de grosses caillasses, et des »murets » faits de feuilles de palmier tressés pour arrêter la progression du sable. Le goudron en direction de Tata brûlante et écrasée de soleil pourtant nous ne sommes qu’en avril, nous prenons la direction d’Ighem. Le passage de 2 jeunes filles juchées sur leurs ânes avec leur troupeau de chèvres distrait notre pause déjeuner. Itinéraire encaissé entre 2 chaînes de montagnes ocre, magnifiquement striées, travaillées, torturées, ce qui donnent des strates de toute beauté, la vallée devient plus étroite, de petits villages sont parsemés au pied de ce ruban éclatant de verdure et d’eau - manne providentielle beaucoup d’amandiers. Les bâtisses sont plus ou moins fortifiées en terre appelées kasbah et un ensemble de kasbah, un village, est un ksar. Petite piste tourmentée -trace effondrée dans l’oued.– mauvaise trajectoire, Phi laisse glisser le Toy dans une ornière profonde et pose Tembo sur une énorme pierre. Tout le monde descend, on solutionne et on repart. Piste qui se révèle difficilement praticable: nous avançons roue après roue dans le lit très étroit d’un petit oued encaissé entre 2 flancs de montagnes abruptes. 

 

Fond du canyon, le soleil nous chauffe déjà bien. Paysages sublimes - petites parcelles de terre cultivées prélevées sur la largeur de l’oued, blé, orge ou seigle ? Avec en prime un bruit chantant d’eau qui s’écoule, des habitations à flanc de montagnes, des gamins.. Col à 1800m d’altitude, il est couvert de fleurs, de lavande, de fenouil, de nombreux oiseaux s’y ébattent puis la piste rejoins l’oued. Palmeraies cultivées - villages - la progression est de + en + délicate… Crevaison ….vite vite, il faut trouver un support stable pour cricquer, démonter et remplacer tout çà avec des côtes fragiles !!! Piste Gandini oui, mais visiblement peu pratiquée depuis des lustres !! la trace devient de plus en plus indéfinie, perdue, retrouvée… Claude ouvre à son habitude avec la persévérance du tenace breton qu’il est, en prenant le temps de descendre chercher d’éventuelles possibilités de passage, d’observer, de deviner,….c’est galère et en plus il n’y a plus âme qui vive, c’est désert ! Après quelques km passés à tourniquer dans la casse, une vilaine camionnette…la haut sur la crête, une sortie n’est pas loin, et le signe d’une piste meilleure, plus praticable.

La galère se termine et l’on comprend que ce sont des éboulis successifs qui ont provoqués l’effondrement de cette piste qui ainsi n’est plus pratiquée par les autochtones. A nouveau les coteaux entiers des collines environnantes sont parsemés de fleurs à dominante jaune et orange, c’est un vrai parc de fleurs. Rejoindre Tafraoute, encerclée de montagnes de granit rose, capitale des Ammeln au parler chleuh. Une nouvelle piste vers un canyon, nous commençons la montée en lacets puis un chemin plus étroit nous met sous les yeux un parterre de fleurs jaune et orange, le printemps est vraiment magnifique ! Ici on cultive du blé ? il est vert ou légèrement doré selon son exposition et même parfois mûr - les paysans débutent la moisson et la mise en bottes manuelle des gerbes fauchées. Puis un grand plateau venté exempt de culture et le bord d’un impressionnant canyon la piste s’engage à flanc et au loin serpente à l’aplomb de la falaise. C’est très beau, le soleil amorce un jeu d’ombres magnifiques dans le canyon de l’Assif n’Mouguene. De lacets en lacets nous poursuivons la descente vers le fond de la gorge. Le village construit à flanc de montagne rappelle le Yémen avec sa palmeraie et son oued encaissés -c’est Izmir. Mais nous espérons bivouaquer dans la palmeraie où coule beaucoup d’eau, tout l’espace de part et d’autre de la piste est occupé, un vent glacial soulève la poussière, difficile de trouver un espace abrité, à flanc de montagne, les bourrasques se font de plus en plus violentes. Repli stratégique à l’intérieur du toy, dehors le vent toujours joue sa sérénade.

 

Profiter de l’air et du silence… des sons parviennent, se rapprochent, se précisent, le regard s’élève et découvre un grand troupeau de chèvres avançant sur un escarpement en corniche qui sert de sentier vraiment à flanc de montagne. La roche est déjà colorée par les rayons du soleil levant, le troupeau de biquettes est suivi de plusieurs jeunes filles habillées elles aussi chaudement avec mitaines et cagoules, qui chantonnent, rient, plaisantent et me découvrent tout en bas au-dessous d’elle ! Des villages dans des écrins de verdure bien cultivés, à l’abri du soleil sous la bienveillance des palmiers, les femmes sont déjà aux champs. Traversée très large d’oued à sec avant Icht - Nième contrôle de la Gendarmerie Royale bifurquons en direction d’Assa. Cailloux, tôle ondulée, malgré les soubresauts nous somnolons, le paysage devient plutôt monotone. Assa. Tout est fermé, nous cherchons une station pour faire le plein.. traversons la ville endormie vers le Sud, passons le Drâa encore en eau à cet endroit. Terrain plat, étendu, très rocailleux de couleur brun-noir, passons devant ce qui semble avoir été un camp militaire, paysage de Sahara occidental déserté par les populations Sahraouies.  C’est désespérément plat aux alentours, pas d’anfractuosité géographique, et le vent le même qu’hier fort, constant et froid - quelques chameaux cheminent seuls, que peuvent-ils trouver à ruminer ici ? Au loin nous apercevons un « abri » un relai antenne protégé par 4 hauts murs de clôture… nous nous posons là - rangés en épis perpendiculaires au mur. Avant la fermeture des portes on admire le coucher du soleil, et on observe les quelques fines lumières d’un village dans le lointain. Phi continue à tousser et cracher comme un tuberculeux….

 

Piste rocailleuse mais roulante. Nous sommes en limite de l’Algérie et de la Mauritanie dans l’ancien territoire Sahraoui. Nous retrouvons des parterres de fleurs bleues, du sable, un relief plus diversifié et une température de 25 à 30°C.  Un bruit sec nous alerte….la partie supérieure des placards bascule et se désolidarise de la carrosserie du Toy. !!! les vis ont arrachés la tôle. Un souci de plus !! Beaux paysages, petites dunes, fleurs bleues… « béatitude » interrompue par une rupture de terrain, 500m de dénivelé abrupt dans la pierraille, les femmes descendent à pied, les hommes se concertent sur le passage de leurs roues !! Claude sent une odeur de gasoil, c’est une soudure du réservoir qui a cédée. Il effectue un transvasement de son réservoir supplémentaire vers le principal. Quand à nous.. en ouvrant la porte le vent s’est engouffré dedans, et me l’a arrachée des mains… Résultat les charnières sont forcées.. Je peux la refermer mais plus la rouvrir et il en est de même pour ma vitre !!!! Grosse tuile qui pour l’instant est remise à plus tard car il nous faut descendre la casse et continuer… En bas, une immensité à perte de vue - un lac asséché, battu par le vent de sable, des cairns pointent en alignement pour éviter de perdre la direction. 

Nous récupérons l’ancienne route goudronnée espagnole monstrueuse tellement elle est défoncée et rocailleuse et c’est ainsi jusqu’à Smara… Haouza, petit village, un camp fortifié sur une hauteur, ce ne sont plus que des ruines (les espagnols ont dynamité tous les bâtiments à leur départ suite aux combats avec le Polisario) Tenter de garer les véhicules le long d’un mur pour passer la nuit… non, ce n’est pas possible. Nous relions Es-Smara, ville de garnison - aucune possibilité de bivouaquer (ma vitre ne veut plus se fermer) - un contrôle de police qui dure - très nombreux militaires, policiers, des barrages en herse au sol.. .au bout d’une heure nous sommes « libérés » mais avec l’obligation d’aller à l’hôtel et à un hôtel précis ! Nous ne sommes pas à l’évidence les bienvenus , il nous faut laisser les véhicules dehors dans la rue …Inch’Allah mais après tout entre les militaires et les policiers en nombre nous devons être super bien protégé.  Le centre ville, une foule compacte, animée, des commerces en tous genres ouverts, et un marché aussi bien achalandé qu’à Marrakech, nous traînons un peu dans les ruelles toujours très animées – il s’y achète tous les fruits et légumes du pays et d’ailleurs, toutes sortes de viandes et de poissons. Des côtes de moutons prises chez le boucher,  nous les portons à un cuisinier qui nous les grille et chez qui nous mangeons abrutis par le son à fond de la T.V., et enfumés par les diverses grillades. 

 

Avant de partir nous demandons un conseil pour la réparation de notre portière, on nous oriente vers un meccano local qui nous dépanne rapidement, c’est super. Contrôle par la Gendarmerie Royale qui vérifie que c’est bien nous qui sommes passés hier soir… 200m plus loin c’est la Police qui veut les papiers du véhicule et nos passeports ! Piste vers l’ouest en suivant La Seguiet el Hamra, ça démarre plutôt bien avec du sable dans la plaine. Un petit village qui côtoie une maison d’un blanc éclatant, un cimetière et le tombeau d’un saint: Sidi Ahmed el Aroussiqui a donné naissance à la tribu des Arroussiyine - au XXème siècle cette tribu est réduite à un commerce de survivance alors qu’ ils étaient riches du commerce des chameaux, du sel, et de la laine. Jamia, épouse de J.M.G. Le Clézio est arrière petite-fille d’une de ces familles qui fuirent pour une autre terre nourricière et c’est lors de sa visite en 1996 que les bâtiments furent repeints (« Gens des nuages » relate l’épopée de cette tribu). Puis une succession de falaises avec de grands abris sous roches; le sable est ocre rouge, plus foncé dans l’oued où nous passons à travers des buissons dans son large lit. Des buissons à perte de vue où paissent quelques chameaux. Un bord de falaise pour avancer, la piste n’est pas trop rocailleuse mais secouante, les bordures sont fragiles, on constate de nombreux éboulements, et quelques tombes pré-islamiques, des tumulus plus ou moins bien formés datant de 3 à 4000 ans sur le haut des falaises. Petite ascension de l’une d’elles pour dominer la plaine et la forêt de la Seguiet el Hamra.

 

Le vent a bousculé Tembo toute la nuit ; le lit de l’oued, sable et buissons, acacias touffus, et tamaris, et découvrons une zaouïa-sépulture, lieu de prières et refuge pour les pèlerins - celle du Cheikh Merrebi Rebbo, construite en 1987. Sa petite mosquée perdue, isolée, rien n’est ouvert, autour de la zaouïa des ordures et au pied de la mosquée, des tombes dont certaines récentes ? Faute d’adeptes tout se retrouve en ruine. Des géodes de quartz parsèment le sol, mais pas de découverte notoire…le paysage s’élargit encore, des cabanes en tôles, en cartons ici ou là refuges de nomades ou de migrants ? Un vent de sable se lève sur toute l’étendue qui s’offre à nos yeux, cela ne nous réjouit pas du tout… nous rejoignons la route goudronnée qui mène à Laâyoun. Contrôle de police, le vent de sable balaie les rues, impossible d’ouvrir les vitres pour faire des photos, nous continuons vers la mer, 2ème  contrôle où un policier nous demande si on n’a pas de petits cadeaux de la France à lui donner (!) ou des lunettes….En vain nous cherchons un abri pour ne pas être trop secoués et surtout pour ne pas avoir trop de sable au menu !! on tourne, retourne, vire, rien, pas même un mur, et toujours ce vent de sable qui cingle à nos vitres et nous fait allumer les phares.. Vers 22h00 on s’endort…le vent nous saoûle.

 

Direction de la Sebhka Deboua, nous traversons le fleuve en bordure de Laâyoun, continuons sur la gauche une piste vers un « campement » il y a de petites cascades calcaires alimentées par une source d’eau saumâtre permanente qui s’écoule dans la Sebkha Oum Dbaa .Des barkhanes de plus de 10m de haut, pour arriver à  longer la sebkha dont les belles falaises font 40 à 50m de haut et dont le fond est un ancien lac salé ; la réverbération est forte, le soleil est au zénith, les dunes se multiplient, une autre sebkha, la sebkha Tah, 38km sur 12km, encaissée dans la plate-forme côtière dont le fond s’enfonce à moins 55m en dessous du niveau de la mer et qui est entièrement fermée. De haut en bas les couches se présentent ainsi: grès dunaires encroûtés, coquillages, escargots et huîtres, versants marneux, argile, couche de sel, puis sable argileux. Les falaises sont impressionnantes avec de belles couleurs jaune et blanc et dangereuses, nous y trouvons des coquillages, restes marins, mais nous perdons aussi nos traces et celles de ceux qui nous précèdent…la piste quitte le bord du « gouffre » et nous entraîne à perte de vue dans un espace de dunettes formées soit sur du reg, soit sur du sable et retenues par des touffes d’arbustes, le petit mamelon de sable placé sous le vent derrière un buisson ou une butte rocheuse est appelé Nebka. C’est au « pif » que nous avançons, nous apercevons au loin des poteaux électriques, prenons pour objectif leur ligne pensant qu’obligatoirement ils doivent border une route, eh bien non on s’est planté !Nous roulons pour retrouver  « La Courbine d’Argent »  enfin 4 murs abrités du vent.. en bord d’océan, bruit des vagues incessantes.

 

L’oued Khawi Nam, une guelta - nous avons du mal à trouver un passage, terrain rocailleux, buissons piquants, nous sommes sur un plateau en surplomb de l’oued qui est en eau, avec des strates en terrasses, des sources, des cascades, c’est magnifique. La guelta avec du sel en formation ou cristallisé dans de petites vasques, il y a beaucoup de salicorne, des cascades, des concrétions calcaires de toutes formes, surtout arrondies, des formations géologiques inhabituelles, et toute une « vallée » de verdure en bas. Malheureusement ni les hommes ni les animaux ne peuvent en profiter bien que depuis ce matin nous ayons croisés 3 troupeaux de chameaux sans gardiens, viennent-ils y boire ? Ou absorber leur ration de sel ? Nous retrouvons des dunes à perte de vue !!! il nous faut soit les contourner soit passer dessus sans savoir quel va être notre possibilité d’avancer après. Nous retournons à la « Courbine »

 

Les « vacances » prennent fin, Akhfenir, quelques km de goudron en bordure de la mer, le Trou du Diable, un gouffre creusé par la mer, on aperçoit des cabanes de pêcheurs. Un dernier détour avec sebkha et guelta de l’oued Er Zaher. Panorama exceptionnel du haut du plateau, la descente est superbe. Nous découvrons des filets d’eau, d’étranges nodules, de concrétions calcaires et salines, des stalactites, de la salicorne, des cascades à plusieurs étages car il y a de l’eau dans l’oued Oua’ar. On ne croise aucun véhicule-ni touristes, ni marocain, ni nomades nous bivouaquons au bord d’une guetta. El-Aoutia, la Plage Blanche, un arrêt à TAN-TAN, les 2 dromadaires en arc de triomphe- en ciment- nous saluent à la sortie de la ville. Guelmin, cap au nord,Tiznit, Agadir brume de mer à couper au couteau, village « Taghazout » dîner de poisson frit et bivouac en bord de mer au Rocher du Diable.

 

La brume est toujours là, quelques barques au loin. Direction Essaouira. Nous nous arrêterons à Tamanar pour y prendre de l’huile d’argan, nous descendons voir une huilerie qui n’a que 2 ans d’existence et à laquelle nous prenons argan, amandes, et miel.Les forêts d’arganiers à perte de vue, de chèvres dans les branches. Large plaine cultivée, les villages sont construits aux pieds des montagnes, et les paysans sont en train de moissonner. Abords de Marrakech, trouver un camping avant d’arriver au centre ville que nous voulons absolument éviter,  avec la foule de piétons; cyclistes, mobylettes, véhicules en tous genres et toutes tailles. 

 

Départ vers Casablanca la luminosité est belle, mais il y a beaucoup de vent, il fait froid et la pluie parfois montre le bout de son nez. Rabat jusqu’à Larache et la direction du port pour « avaler » des sardines grillées. Ceuta plein de GO, direction le port pour embarquer 40mn après. Comme à l’aller le bateau n’est pas plein, à Algésiras Phi « enquille » la route plein nord sous une pluie battante. 

 

La route est monotone, monotone, Phi s’en fatigue, le périple fut rude et éprouvant pour les participants et Tembo a souffert…

J’ai bien 2 cotes  fracturées la 5 et la 6 (mais sans déplacement ni épanchement pleural)

Tembo lui souffre d’une rupture de la tête support de filtre GO, du support de batterie, de 2 goujons de roue HS, d’une porte retournée, d’un placard décroché et de plein de bricoles dans l’aménagement qui sont à revoir, à modifier et à améliorer…

Anne va bien !