2006   -   Ouganda  -  rwanda

Nouveau concept cette année, pas de bivouac libre ou sauvage, mais de l’hébergement en structure et l’aide de Rangers sur une partie du parcours, beaucoup de parcs animaliers et une région encore relativement effervescente – Ouganda et Rwanda sont frontaliers de la RDC où les élections présidentielles sont en phase finale et sujettes à qq troubles localisés. Embarquement pour le vol KLM vers Entebbe. 

Survol exceptionnel des Alpes, de l’Adriatique, des iles Dalmates, l’arrivée sur les côtes méditerranéennes de la Lybie est magnifique - cultures irriguées en cercles, barrière de dunes, puis le désert.

 

Accueil de David, Ranger, avec le Toy. La guest house est à qq km, la conduite se fait à gauche, dans le noir complet (pas d’éclairage public) les hauts lampadaires sont là mais éteints. 

Nous traversons la cour de l’hôtel en direction des bungalows – Toy U.N. à l’intérieur – garde armée à la grille –

De sympathiques geckos -garant d’absence de moustiques !!! courent sur les murs et le plafond d’une netteté toute africaine, nous essayons de trouver le sommeil en réapprenant les bruits de la nuit africaine (klaxons, cris, musique, poules,..

 

Les rives du lac Victoria il fait chaud et lourd, la luminosité est terne – beaucoup de brume orageuse. 

Kampala, capitale Ougandaise. Pour un dimanche la circulation est dense, la foule importante, animaux en vadrouille ou écrasés sur les bas coté, on retrouve l’Afrique avec son agitation, sa désorganisation apparente, ses bruits, ses odeurs et sa grande pollution….

Halte au marché fort bien achalandé en fruits et légumes de toutes sortes – surtout en bananes pour le Matoke. Echanges avec les locaux, surtout autour du foot.. à l’étranger sans Zidane la France ne serait rien !!!

Nous quittons la ville, périphérie habituelle baraques et commerces colorés, pubs tapageuses, tôles ondulées, carcasses automobiles et détritus…

La forêt de Mabira, vestige restreint et protégé de forêt Equatoriale primaire – ces abords sont menacés par les plantations de cannes à sucre. Un détour, une piste de latérite d’un rouge puissant qui tranche dans l’environnement verdoyant des forets et cultures, pour les chutes de Bujagali -premiers rapides du Nil Victoria- en route vers le lac secondaire de Kyoga.

Jinja – c’est le déversoir principal du NIL blanc (Nil Victoria découvert en 1862 par l’explorateur John Hannington Speke) de ce point les eaux du lac mettent 100 jours avant d’atteindre la mer méditerranée et couvrent 6400 km - le bord du lac, essayons de revoir notre géographie avec les différentes sources du Nil Blanc et Bleu. (ahh les énigmatiques sources du NIL !!!)

Nous découvrons sur les bords du lac des quantités innombrables de jacinthes d’eau…

Des chauves-souris (Grande Roussette arboricole) sont pendues par grappes dans les palmiers borassus –  tandis que les marabouts eux se perchent à leurs sommet pour préparer leur nuit tout en haut ! La chambre et le balcon donne sur le lac - la vue est magnifique  - par contre aussitôt franchi le portail de l’hôtel le décor change - Trônent au bord de la route d’énormes bennes à ordures, débordantes de tous cotés, qui inondent les alentours d’effluves insupportables - les marabouts y font œuvre de civisme, aidés par qq chiens faméliques. Le soleil se couche - il nous faut nous habituer à ce nouveau rythme sous l’Equateur, jour levé à 6h00 nuit tombée à 18h00 -  il est 19h00, pas ou plus d’électricité à l’hôtel - notre diner en terrasse se fera à la lueur de nos lampes de tête car l’éclairage est infirme et capricieux !!! Les centaines de chauve-souris qui sont dans les arbres devant nous font un vacarme d’enfer. Il fait 26° !!

 

Lever du jour sur le Victoria - barques à voiles triangulaires, et ballet des martins-pêcheurs- puis nous sortons pour aller découvrir le petit village de pécheurs qui est tout près. Il est toujours difficile de prendre des photos de tout ce qui nous interpelle, c’est nous qui sommes les intrus mais nos yeux essaient de capter le maximum de sensations: pécheurs, production de charbon de bois, latrines publiques, réveil des enfants, départs en barque au travail, fabrication de beignets… nous déambulons une bonne heure jusqu’à une jetée qui s’avance dans le Victoria. Nous reprenons la route en direction de Kampala. La circulation semble plus fluide, moins d’activité que hier ce doit être dû au lundi les jours de reprise doivent être difficile ici aussi !!! 

Moins de population sur les bas-côtés de la route, enfin pour l’instant car vers 10h00 et à l’approche de la capitale ce sera à nouveau l’affluence.  Nous nous arrêterons en bord de route pour « visiter » un chantier de fabrique de briques. La glaise grise est extraite de petits bassins remplis d’eau, elle est malaxée, transportée puis moulée dans un cadre en bois- tout est fait à la main – et à l’unité –

Les pièces sont ensuite déposées au sol pour s’égoutter, puis empilées sous un couvert de paille et de jonc pour obtenir un premier séchage. Après nous pensons qu’elles servent à bâtir le four lui-même dans lequel brûlent des troncs entiers d’eucalyptus – la cuisson ou du moins l’approvisionnement en bois semble être la tache des enfants. Avant Kampala: un énorme trafic reprend et nous attend pour la traversée de ville, pas de signalétique, pas de policiers, pas de feux, un imbroglio de tout et en tous sens !!! et en plus il pleut - un orage. 

Nous allons jusqu’à la Poste Centrale pour acheter timbres et cartes. Il n’est pas certain et ne nous sera guère possible d’en trouver avant plusieurs jours - pas de Poste locale ou arrivée en ville trop tardive.

Au nord de la ville allons découvrir les tombes des rois Kasubi - Rois des ethnies ougandaises – l

Nous reprendrons la route pour Masindi, nous traversons la banlieue nord de la capitale elle est très commerçante et industrielle dans un « capharnaüm » tout africain.

Nous avons plus de 200km à faire !! l’activité sur cette route est fournie, piétons, vélos, motos, voitures, camions. Les plus gros, les plus lourds poussent les autres.. piétons et vélos ne sont pas particulièrement à la fête. 

Entre plusieurs vagues de pluie diluvienne, arrêt brochettes au croisement des routes principales pour dégourdir les jambes. La route ne s’améliore pas et sans cesse des nids d’ « autruches » ou des saignées transversales qu’il faut négocier à une vitesse parfois proche de 100km/h – dantesque ….car bien sûr nous allons arriver tard comme toujours, trop d’arrêts. Les 30 derniers km se font sur une piste de latérite d’un très beau rouge, dans le soleil couchant. Nous arrivons à Masindi, il fait nuit. Nous nous arrêtons dans le seul petit hôtel, apparemment, de style colonial, sympathique. lits à baldaquins en fer forgé avec les moustiquaires – 19h00 coupure de courant – la ville est dans le noir complet.. diner à la bougie..

 

Vers le Nord et les chutes de Murchinson - piste de latérite défoncée- il a dû pleuvoir, la latérite est couleur sang et très glissante. Parc National de la Forêt de Masindi ,elle est très dense, la piste large, mais monovoie et bombée, pas terrible … Accompagnés d’un ranger nous partons à pied, effectuer un périple dans cette forêt et éventuellement tenter d’y apercevoir des chimpanzés. la densité du couvert empêche toute orientation- on ne voie pas de ciel - pas de chimpanzés, beaucoup de cris – surtout des oiseaux mais sans rien voir. Pour les chimpanzés rien - des crottes en bordure des sentes, des nids de feuilles dans les branches hautes de la canopée – Enfin pour nous pas de chimpanzés. Départ - même piste, même condition – nous assurons le dépannage d’un local, puis nous repartons, qq. babouins fréquentent le bord de la piste. 

Chutes de Murchinson. Les rapides du NIL, s’engouffrent dans un goulet étroit d’une dizaine de mètres de large. Les eaux tumultueuses se précipitent dans cette brèche sont impressionnantes

Averse orageuse puis le ciel est à nouveau clair et le soleil rasant compose de magnifiques couleurs.

L’embarcadère, il était temps, nous pourrons avoir le dernier bac - traversée rapide, nous coucherons au Lodge, pas d’autre choix. Nous découvrons une chambre luxueuse - mobilier rustique et dans le pure style Lodge anglais balcon privé avec vue sur la piscine et au loin sur le NIL – nous prenons une douche, nos vêtements sont trempés et nous aussi ! Réchauffés et changés nous descendons diner . Je prends une 2ème bière que je monte boire sur le balcon, face au Nil. Comme tous les soirs depuis notre arrivée en Ouganda il y a peu de moustiques et comme tous les soirs l’orage au loin zèbre la nuit.

 

Game-drive dans Murchinson National Park avec un Ranger garde armé.

Beaucoup de faune et un éclairage magnifique. Waterbucks, phacochères, girafes, éléphants avec leurs petits, grands troupeaux de buffles, bubales, hyènes, cobes ougandais, g, grues couronnées, outardes, aigle à crête, petit cardinal etc… Nous déambulons longuement sur les pistes du Parc nous ponctuons de nombreux arrêts photos – notre Ranger guide est un peu bavard, il a tellement de choses à dire sur les animaux du parc – c’est bien et intéressant mais un peu lassant nous souhaiterions tellement un peu de silence – vers la fin du parcours il se calme quand même un peu. Nous remplirons les yeux, les oreilles et les narines de tout ce qui se présente à notre portée.  Sans temps de répit nous descendons à l’embarcadère près du bac et nous repartons à bord d’un petit bateau sur le Nil pour un Game-boat de 3h afin de remonter jusqu’aux Murchinson Falls, abordées hier par le haut des chutes. C’est un enchantement superbe, avec une abondance de faune comme nous n’en avions encore jamais vue : buffles, hippos à profusion, crocos énormes, colobes, babouins, éléphants, waterbucks, aigles pêcheur, hérons aigrettes, jabirus etc….

Le courant du Nil est assez fort. Nous stoppons à une centaine de mètres en aval des chutes bien à l’abri d’un bloc rocheux - le bateau reste calé là dans ce remous énorme.  

Nous assistons au coucher de soleil sur les hauteurs des rives du lac Albert et nous rentrons à la nuit.

 

Wanseko qq 20 km plus loin. C’est un petit village de pêcheurs, au bord du lac Albert. Dès notre arrêt c’est l’attroupement des enfants, puis qq femmes les rejoignent – un peu d’échange, avec des photos polaroïd – puis qq portraits. Au village nous passons un moment à déambuler à travers les sentes qui contournent les habitations,  les fours de fumage, les claies de séchage du poisson et des racines de manioc…

Sous les couverts qui bordent la piste et longent le cours d’eau, nous nous équipons pour essayer de voir des colobes, que nous entendons, mais rien. Nous revenons en nage, dégoulinants de la tête aux pieds !

Butiaba pour déjeuner, pointe de terre qui s’avance dans le lac Albert couverte de palmiers borassus, et pourvue d’une très belle plage. L’activité est soutenue, le village tout proche que nous traversons nous semble bien misérable, apparemment il doit y avoir de nombreux réfugiés congolais. Notre route défoncée nous amène à Hoima. Tour de « ville » rapide,  en circulant nous apercevons une minoterie de cacahuètes et de maïs et nous nous y arrêtons pour la visiter. Nous traversons la ville, y repérons la Poste. L’hôtel est sur les hauteurs et il est désert – nous devons être les seuls clients - l’éclairage est très faible, et  défaillant – nous écrivons qq cartes postales que nous décidons d’aller poster à pied. Lampe de tête en position !! nous descendons par la rue principale puis retour à l’hôtel - la quantité de nourriture est disproportionnée par rapport à nos appétits - Viande en sauce, poisson, matoke, patates douces, « fufu – bouillie de manioc»

A 20h: Black out.. plus de lumière ni eau !

 

Longue étape, chaleur, moiteur, beaucoup de cultures, bananeraies, plantation de thé. Nous faisons un arrêt à Fort Portal pour manger une brochette de chèvre, et de la canne à sucre.

Kasese nous passons la ligne de l’Equateur – Le soleil commence à tomber, de nombreux marabouts sont perchés dans les arbres, nous approchons du Queen Elisabeth National Park, buffles, éléphants, cobs près des lacs de cratères nous accueillent, le paysage est moins arboré et fait plus savane, de nombreux et hauts euphorbes s’élèvent dans les plaines… Lodge construit sur une péninsule surplombant le Kasinga channel qui s’écoule entre les lacs George et Edward. Bien sur il fait nuit, et nous ne voyons rien – nous entendons par contre les hippos qui s’ébattent plus bas dans le chenal. C’est dommage il nous faudra attendre demain –

Embarcadère nous prenons un bateau qui va nous permettre de découvrir un tronçon du canal de Kazinga, reliant les lacs Edward et George; nous y verrons des quantités de buffles, pélicans, hippos, oiseaux, aigles pécheurs, ainsi que le village de pécheurs Kyalukala. De retour, nous reprenons la voiture pour nous rendre à notre prochain gîte. Il est situé dans l’autre partie du QENP tout à l’Est et au pied d’une des failles d’un rift volcanique.  Piste « travaillée » par les pluies, qui serpente sous le couvert d’une végétation très touffue, et longe une forêt assez dense. Cul-de-sac au bord d’un grand laide calder aux forts aplombs. ce sont des Indous qui gèrent le lieu. Tout, absolument tout est en bois naturel. C’est sympathique. 

De l’eau dans une cruche nous est proposée pour le brossage des dents, ou boire car ici pas d’eau potable, donc douche avec l’eau du lac. (Inch’Allah)  

Diner végétarien, nous installons auprès d’un feu de «cheminée » pour écrire le journal et discuter du programme de demain. Extinction de la faible lumière à 21h00, noir absolu et en contact avec la nature environnante. Les « fenêtres » sont sans vitres et ne sont closes que par des grillages !! Il fait 25°, nous restons qq. instants à observer et à écouter – Vols feutrés aux passages de chauve-souris, geckos qui grimpent sur le grillage, la lune…

 

Anne a passé une partie de la nuit à écouter le bruyant concert des grenouilles, à regarder les ombres diverses et imaginées  des animaux qui s’ébattent dans les arbres aux alentours.Le taux d’humidité est très fort, en nous habillant nous constatons que les vêtements sont trempés. Sur la piste retour qui coupe au travers la forêt nous apercevons de nombreux colobes dans la densité de verdure et de feuillages. Ces singes semblent assez craintifs et restent à bonne distance. Un trek « de santé » en forêt, le Ranger marche très lentement, nous verrons des milliers de chauve-souris qui sont suspendues au plafond d’une grotte -l’odeur acre et ammoniaquée des excréments qui jonchent le sol et les parois en une couche épaisse prend à la gorge et reste glissante. Qq beaux pythons sont là lovés dans des anfractuosités de la roche en attente d’un prochain casse croute - nous ne les verrons qu’a la lueur faible et jaunâtre d’une lampe électrique -  par contre une belle mue est visible à l’extérieur - Anne n’ira pas les voir ! Nous prenons une grosse averse qui nous oblige à passer sous les ponchos, avec la chaleur et le taux d’humidité ambiant c’est une véritable séance de sauna - nous sommes bien contents de notre journée mais vraiment fourbus – Nous prenons une douche (trempés pour trempés), nos pantalons sont noirs de boue !!! 

Nous avons découvert qu’à table,  la bouillie de manioc et le millet qui sont servis, le sont mélangés avec des grains d’argile qui crissent sous les dents à la dégustation  - ce qui a étonné nos voisins locaux est de découvrir que notre pharmacie se compose aussi de notre fiole d’argile verte « nature » que nous utilisons le même principe. Demain nous devrions franchir la frontière pour le Rwanda.

 

Nous retrouvons la piste de latérite défoncée par les pluies, et les passages fréquents, mais quelle catastrophe pour le paysage si elles étaient goudronnées ! je me demande comment nos vertèbres font pour rester indolores… nous sommes du matin au soir secoués, projetés, déportés des trajectoires choisies. Nous traversons de nombreuses plantations de thé et des palmiers – Le paysage est de plus en plus vallonné.

Lac « Bunyio nyi » Les paysages sont beaux, la piste suit tous les découpages du bord du lac qui est immense, mais écrasé par le soleil. A Kabale nous achetons des bananes, un autre arrêt à Kisoro. Nous arrivons à la frontière papiers à remplir, tampons, tout se passe bien. Nous apercevons les différents volcans qui forment la chaine des Monts Virunga très vaste étendue du Parc National des Volcans à cheval sur 3 frontières : Ouganda – Rwanda -R.D.Congo. 30km qui nous séparent de notre gîte nous croisons très peu de véhicules.

La chambre est propre, pas de moustiquaire, et l’électricité sera coupée, mais ce n’est pas important, n’oublions pas que le pays se relève…..le plus important c’est ce pourquoi nous sommes là : les gorilles..

 

Réveil à 5h, partons pour l’office du Parc National des Volcans -  nous retrouvons d’autres étrangers:42 nous sommes les seuls Français, briefing des gardes, des guides, des responsables de groupes, et enfin au notre, étant regroupés en fonction de notre demande.  Groupe »Sabinyo » (du volcan du même nom) c’est une famille complète de 7 individus. Un pisteur, un Ranger, le groupe de 7 touristes et pour fermer la marche 2 gardes armés.Départ au ralenti parmi des champs cultivés de pommes de terre. Nous franchissons le mur de pierres, haut de 1m environ, qui sépare les cultures de la zone du parc et de montagne, proprement dite. 

Nous pénétrons dans une végétation très dense de bambous et de lianes feuillus en tous genres. Le  terrain devient plus accidenté - Puis c’est l’instant magique… la famille devant nous est composée d’un mâle dominant dos argenté, de 2 femelles, 2 ados et un petit de 8 mois. Le tout petit est superbe avec des yeux pétillants tout brillants et ronds, il n’arrête pas de jouer, de bouger dans les bambous, de rouler sur le dos des ados ou de sa mère qui, elle, mange, tout comme le mâle. 

Pour eux le matin est le moment de la journée ou ils mangent et le seul moment où ils auront la visite d’humains (ce qui permet aux guides de déceler s’ils sont malades et d’avertir les vétérinaires) nous aurons la chance de pouvoir observer le dos argenté, tous savent que nous sommes là, nous sentent, nous observent aussi.

C’est vraiment un moment magique, extraordinaire l’heure écoulée - est trop courte - au goût de tous – nous quittons nos hôtes et les laissons reprendre leurs activités qui vont les amener à une période de jeux et de sieste dans la fin de cette matinée.

Le temps de se remettre nous reprenons la route pour la ville de Ruhengeri. Au détour de la route une vision magique pour Phi, celle du Nyiragongo - nom mythique Nyiragongo !!

Les bords du lac Kivu et notre gite. Barques de pécheurs, village, le soir tombe et le coucher de soleil sur le lac est magnifique – Nous dinons dehors, accompagnés du chant des pêcheurs qui cadence leur progression, emmenant leurs lourdes barques sur un lieu de pêche de nuit à la lanterne.

 

Quelques chants de pêcheurs tôt le matin - étape de liaison objectif le sud du lac Kivu - Kibuye - vue sur le lac au eaux d’un beau vert turquoise. Piste, longeant le lac, escarpée, en épingle à cheveux ; parfois elle s’en écarte et suit le vallonnement des plantations de thé, parfois elle suit le bord de la rive, longe qq rizières et des fonds de « fjords » où la population charge d’énormes barques avec bananes, chèvres, produits locaux divers etc… 

C’est la ligne commerciale et de troc principale entre le nord et le sud du lac coté rwandais et aussi celle qui alimente le trafic avec la R.D.C sur la rive Ouest du Kivu. La fin du parcours est pénible il fait nuit, en arrivant au gîte..la vie continue; tous les villages sont très animés à la tombée du jour.

 

Cyangugu nous retrouvons le lac, poste frontière avec la R.D.C matérialisé par un étroit pont en bois; nous marchons un peu le long de cette « frontière » Dans le district ce jeudi est jour de « gacaca » (journée de réconciliation nationale sur la juridiction) donc l’activité est ralentie, la population est conviée obligatoirement à assister aux tribunaux populaires qui débattent des implications des uns et des autres aux massacres d’avril 1994. Cyangugu est une ville et une région qui a été très marquée par les exactions et particulièrement « ensanglantée » en 1994 – nous y voyons encore les stigmates des habitations dévastées en bordure du lac et aux abords de la ville – Quelque part l’atmosphère demeure pesante.. 

Nous serpentons au milieu des plantations de thé – il n’est pas possible de visiter les infrastructures pour le séchage du thé ni d’acheter directement leur produit - Tous sont étonnés par notre demande, mais aimablement ils nous offrent un sachet de thé (tout chaud torréfié) Est-ce une fausse impression, nous ressentons comme une distance ou une indifférence, une incompréhension marquée, cachée, larvée ?

La magnifique forêt de Nyungwe, très dense, à perte de vue une belle forêt primaire – la route qui la traverse est belle et très vallonnée. Gikongoro, nous nous arrêtons pour déjeuner, restaurant de bord de route, il y a beaucoup de monde et longue est l’attente. Je tente de faire passer la durée en commandant une bière de banane c’est la première fois que j’en trouve à la vente – franchement ce n’est pas terrible – voir même assez écœurant- 

Nous avions prévu d’arriver tôt à Butare, pour visiter le musée de la seule ville universitaire et culturelle du pays. Le temps d’arriver et de se garer sur le parking (désert au demeurant) nous apprenons qu’il ferme dans 5mn !!! nous reportons donc au lendemain – 

L’hôtel est adossé à une station service. Notre chambre est en sous sol, porte et fenêtres donnent sur un couloir sombre, un des murs n’est pas en dur mais une grosse tôle de chantier !!!

Nous discutons avec un député local « représentant » au gouvernement, qui nous aborde et nous souhaite un bon séjour - il s’est rendu en France il y a quelque temps - 

 

7h30 une visite rapide du musée, nous sommes les premiers et les seuls à visiter les salles - en même temps que les femmes de ménage- Route pour Kigali, 150km environ, 3h00 de route. 

Le périple se termine – le paysage perd de son intérêt à l’approche de la capitale. Grosse différence avec Kampala qui grouillait d’animation - ici très peu de circulation de véhicules, pas d’embouteillages - la ville est entourée de collines (c’est le pays des 1000 collines) sur lesquelles sont construites des maisons de briques, nous faisons le tour du quartier des ambassades et de l’hôtel des « Milles Collines » nous allons jusqu’au mémorial, mais le temps et le cœur nous manquent, de plus à l’entrée un garde demande de quelle nationalité nous sommes… pas le temps d’engager une discussion et puis on n’est pas certain du résultat, par ailleurs quelques échanges avec des autochtones nous avaient conseillé d’annoncer des nationalités BELGES ou SUISSES et d’éviter de clamer trop haut notre nationalité française – certaine susceptibilité étant tj à vif !!!

De toute façon il nous faut prendre la direction de l’aéroport, formalités diverses, dépôt de la  voiture. RAS - Check-in du vol transit vers le Kenya – nous ferons escale à Nairobi -   

 

C’est maintenant que nous réalisons mieux et plus profondément ce que nous avons eu la chance de vivre, de voir, de ressentir. Nous sommes étonnés positivement de notre séjour ougandais – population chaleureuse, accueillante, ouverte aux voyageurs indépendants.

La fin de notre périple terminée par le Rwanda, nous laisse un sentiment mitigé et un ressenti différent de la perception que nous avons gardés de l’Ouganda.

Bienvenu de la main, sourires, habitants plus rare, plus réticents – Par endroits nous avons ressenti que les Français n’étaient pas les bienvenus, mais nous n’avons pas eu de manifestation d’agressivité en retour – ceux qui veulent pas avoir de contact avec nous ne le manifeste pas.

Mais qu’est ce qu’il y a derrières ces sourires, ces saluts, ces regards, dans ces esprits – que de violences, de souffrances de désespérances vécues, supportées.

Combien de ces enfants marqués à jamais errent sans famille – La société est composée de femmes, sur les routes et pistes, l’Afrique en marche, le Rwanda en marche se trace dans le pas des femmes.

De tous ces gamins combien sont issus des viols, rejetés, ne vont pas ou plus à l’école là aussi, pour eux quel avenir ? Inquiétude – comment le Rwanda fera t’il pour donner nourriture et travail aux générations nouvelles – le pays semble saturé de culture  - n’aura t il pas l’envie et la volonté de retrouver ses anciennes frontières et les débouchés « maritimes » sur le lac Victoria conquis par la Tanzanie. Sans oublier la situation non stabilisé des rebelles réfugiés en RDC.